[Le livre est paru en 2009 aux éditions Lignes et comporte une préface d’Alain Badiou.]

Selon Alain Badiou, les mathématiques relèvent de l’ontologie. C’est sans doute cette hypothèse, entre autres choses, qui le conduit a préfacer cet étrange livre, (dont l’auteur, Juif, vit en Israël) en ajoutant même qu’il est, avec Lacoue-Labarthe, le seul philosophe mentionné  dans ses pages. Ce livre condense le malentendu fondamental qui habite les passions autour du Sionisme. L’auteur, prenant comme soutien une phrase de Heidegger, la seule que le philosophe aurait prononcé sur les camps d’extermination, tente de démontrer que l’antisémitisme est seulement le côté « empirique » de Auschwitz. Le phénomène doit être interrogé plutôt du côté de la technique, et ainsi on verra comment Heidegger, de s’interroger sur cette « fabrique de cadavres » : « meurent-ils ? », arrive beaucoup plus profondément, parce qu’au lieu d’utiliser Auschwitz pour les fins de la politique du Sionisme, nous porte vers la possibilité de « penser » Auschwitz, tache essentielle, délicate, du philosophe, qui même peut être réalisée d’une façon « réjouissante et cruelle » (Badiou (sic) « Préface »).

La seule difficulté qui demeure, pour Badiou et sa théorie des mathématiques dont l’ontologie ne voudrait rien savoir des choses, est que, comme le dit mon ami Gil Caroz, qui  viendra parler avec nous au Workshopde l’UPJL en Novembre prochain (13, 10-14hs), avec notre invitée Agnes Aflalo, est, premièrement, que l’existence de l’État Juif fut déclenchée sans doute après la Shoah, et on peine à utiliser une ontologie dépourvue de la chose quand la chose est le corps même. Voila l’impensé de Badiou, de Segré…et de Heidegger.  Deuxièmement, pour « illustrer » ce point, ils y sont les nombres sur les corps des prisonniers. Quelle mathématique utiliser ?

Lacan était plus juste quand il disait que le Nazisme n’avait eu « que la valeur » d’un réactif précurseur du phénomène des maniements des corps par la science, la ségrégation. Plus juste parce qu’il ne prétendait pas « penser » Auschwitz, mais se situer comme son contemporain.

 Workshop de l’UPJL: “Shoah, Sionisme, et l’extrême gauche dite « lacanienne ».

 Lacan, J :”Autres Écrits, Seuil, Paris, 2001,p. 588.

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