Cher Jacques-Alain,

C’est vraiment bien d’avoir le séminaire XIX entrecoupé du Savoir du psychanalyste dans l’ordre chronologique, ce qui nous permet de suivre l’avancée de la pensée de Lacan de cette année-là de façon inédite.

Je suis au travail de la préparation de mes conférences et séminaires que je dois tenir en octobre prochain à Pékin, prix à payer du grand bon-heur de retourner travailler là-bas où j’ai appris à lire et à écrire. Au Centre culturel français (rebaptisé Institut français), je pourrai parler de l’anniversaire des trente ans et des nouvelles parutions. Dans les Universités de Beida et l’Université du Peuple aussi, mais ils attendent surtout une présentation plus générale. Les titres que j’ai proposés : “Jacques Lacan, une éthique du désir” et “Psychanalyse et science, la vérité comme cause” en tout cas leur ont beaucoup plu comme annonce, preuve qu’ils ont déjà un peu étudié les textes. Je ne me sens pas aussi à l’aise que pour le séminaire que j’ai effectué l’été dernier sur deux semaines à Chengdu, à l’invitation du Pr Huo Datong. C’était en province, dans le cadre d’un campus agréable où on circule en pousse-pousse. J’y avais déroulé les mathèmes de Lacan, sur la base que les mathèmes se transmettent intégralement. En réalité, comme l’a souligné Lacan, il faut beaucoup de préparation et de commentaires parlés pour en transmettre quelque chose…

Avez-vous eu connaissance du dernier hors série du Point sur “Lao-tseu, le maître de l’immortalité”? Il est très bien fait, on y apprend une foule de choses, pas seulement sur le taoïsme. L’importance de la tradition dans la culture chinoise actuelle y est exposée de façon claire et m’a rappelé ce que m’avait dit un étudiant chinois, par boutade : “mais pour aller mieux, nous avons tout ce qu’il faut dans la tradition!”. Ils n’auraient pas besoin de la psychanalyse? C’est là peut-être qu’intervient la vraie, et pas la fausse, celle précisément qui s’implante partout en Chine par l’intermédiaire des Américains.

En tout cas, j’espère que nous pourrons être quelques-uns pour préparer la suite de l’introduction de la psychanalyse lacanienne en Chine, après l’expérience de nos collègues nantais à Shanghai et la mienne à Pékin, qui anticiperont votre propre venue en Chine.

Très cordialement,

Nathalie Charraud-Kaltenmark

Comments are closed.