JACQUES-ALAIN MILLER CHEZ MOLLAT LE 10 SEPTEMBRE 2011

JAM DANS LA RUE par Marie
Marie Laurent

Jam arrive rue Vital Carles à Bordeaux. Il s’apprête à parler à ses lecteurs à l’invitation de la librairie Mollat. Il rencontre la foule de celles et ceux qui venus l’entendre et se sont retrouvés bloqués devant la porte. Trop de monde. Dans un élan de spontanéité, évoquant sa jeunesse et l’époque où, jeune gauchiste engagé, il était dans la rue, il propos de répondre à 3 questions.
Quelqu’un crie : Vie de Lacan, pourquoi ? – Rire. Ceux d’en haut qui ont eu des places ouvrent les fenêtres et regrettent de ne pas être dans la rue.
JAM : Faites un peu plus d’effort, mon vieux. Mais tout de même, je vais vous répondre. Aujourd’hui ma thèse, c’est qu’il y a 2 Lacan qui se regardent en chiens de faïence. Il y a le Lacan mort qu’on propose à l’admiration des foules. On vous explique qu’aujourd’hui Lacan est incontesté, qu’il est l’objet d’un consensus général, qu’il est un classique. Il y a même des esprits distingués qui sont mes amis comme Catherine Clément et Jean Claude Milner – à ma surprise je dois dire, qui disent le siècle est d’ores et déjà lacanien, ce qui ne veut dire qu’une seule chose : « dormez les petits, la partie est gagnée ». Hé bien, le siècle n’est pas du tout lacanien, le siècle est anti lacanien. Il est anti lacanien parce que c’est le siècle de l’évaluation – j’ai fait là-dessus un ouvrage avec Jean Claude Milner, c’est le siècle du quantitatif, des TCC, des soi-disant neurosciences qui sont des neuro-techniques de suggestion. Donc la partie est loin d’être gagnée. Nous sommes en combat. (Applaudissements).
Ceux qui disent : « le siècle est lacanien » , ne savent pas ce qu’ils disent. (Applaudissements). Quelqu’un crie merci.
Une autre question jaillit : Etes vous réconcilié avec E. Roudinesco ?
JAM : Ecoutez, il y a eu un temps pour la polémique, il y a eu un temps pour l’amitié, il y a eu un temps pour les combats en commun, il y a un temps pour des divergences. Nous sommes aujourd’hui au-delà de cela, nous sommes aujourd’hui au moment des tribunaux. Cette personne aura à répondre devant les tribunaux de ce qu’elle a osé dire essentiellement à propos de Judith Miller ma femme. Elle a touché à quelque chose à quoi elle ne devait pas toucher. Maintenant le temps des débats est terminé. Les débats auront lieu au tribunal.
Sonnerie du tram. On entend « attention ! » et mal la question que quelqu’un répète : Avez-vous fait paraitre « …ou pire » en fonction de l’actualité ?
JAM : Non. « …ou pire», je l’ai donné aux Editions du Seuil il y a environ 3 ou 4 ans, et pas à l’actuel PDG à qui je n’ai jamais rien donné et qui n’aura jamais rien. C’est moi qui ai différé le moment de corriger les épreuves parce que je préférais accumuler les séminaires chez moi, ne pas avoir à affronter le temps, les délais de l’édition elle-même, (l’inspection, les corrections etc.) et que je trouvais que la situation au Seuil était extrêmement malsaine et incertaine. Actuellement il reste dix séminaires. J’en ai réalisé complètement neuf qui sont sur ordinateur et gravés électroniquement. Il reste le dernier qui est « Le désir et son interprétation » et j’ai arrêté de le faire quand j’ai compris qu’on essayait de m’enterrer vivant à cette rentrée. Donc là je peux, je suis en mesure de partir du Seuil dont je n’ai jamais été salarié. Ils n’ont jamais eu un contrat d’avance, j’ai toujours signé les contrats un par un. Donc je suis libre comme l’air. J’ai tendu la main à monsieur de La Martinière qui l’a serré en lui disant : « Si vous tapez dans cette main je reste. » Maintenant il reste encore à établir des contrats, à voir si on peut s’entendre parce que je n’irai pas chez La Martinière simplement pour être la cerise sur le gâteau de tous ces guides gastronomiques. Je verrai si je peux là, à partir de zéro, créer un secteur tout à fait nouveau de psychanalyse mais aussi de littérature et d’histoire. Ou il m’en donnera les moyens ou il ne pourra pas me les donner. S’il ne me les donne pas, j’irai ailleurs. S’il me les donne, j’y resterai d’autant plus volontiers que la personne qui y fait les couvertures est une personne que j’adore, qui travaillait au Seuil et qui en est partie pour ne pas être avec Bétourné. Et donc elle déteste Bétourné comme moi, elle sait de quoi il est capable. Nous serons tous les deux à montrer qu’il est un incapable. En un demi-siècle je n’ai pas rencontré un fol dingue pareil. Je pense qu’il n’en a pas pour longtemps aux Editions du Seuil. En tout cas, si je suis chez La Martinière à qui appartient le Seuil, je pourrai protéger le séminaire de Lacan qu’ils ont encore entre leurs pattes. Merci beaucoup.
Et le voilà qui devant la porte, traverse le Seuil, grimpe les marches et poursuit sa route…

INTRODUCTION par Carole
Carole Dewambrechies La Sagna

Nous nous retrouvons dans les salons de la librairie Mollat en ce samedi 10 septembre 2011 pour une rentrée lacanienne à Bordeaux. Pour beaucoup d’entre vous qui recevez la publication électronique qui s’appelle LACAN QUOTIDIEN vous savez que cette rentrée a commencé le 19 août avec les premières réactions au numéro du Point en date du 18 août.
Avant cela, en rentrant de voyage, j’ai trouvé le 12 août un mail de la librairie Mollat, émanant du service des sciences humaines, qui me demandait comment se procurer la Vie de Lacan dont ils avaient entendu dire que la sortie en librairie était prévue pour le 5 septembre.
J’étais à ce moment-là en discussion avec Jacques-Alain Miller quant à la diffusion de l’ouvrage dont il est l’auteur (alors que sont publiés au même moment le séminaire XIX de Lacan et Je parle aux murs, dont il a établi le texte). Je parle donc de cette demande de Mollat à Jacques-Alain Miller qui me dit : « Ah ! On m’a raconté que la librairie Mollat s’était adressée au Seuil pour m’inviter avant l’été et qu’on l’en avait dissuadée. Je suis disposé à venir à la rentrée ». Je pose donc la question à Pierre Coutelle de savoir s’il est toujours dans la même disposition d’inviter Jacques-Alain Miller : Absolument ! Lui-même, les libraires de Mollat, les chargés de communications, les responsables du rayon sciences humaines, tout le monde est enthousiaste et la date du 10 septembre est choisie.
Depuis, j’ai effectivement eu confirmation que quelqu’un de la librairie Mollat s’est adressé à une attachée de Presse du Seuil en juin pour inviter JAM et qu’il lui a été répondu que Jacques-Alain était injoignable. Elle n’avait pas son adresse et elle conseillait d’inviter E. Roudinesco. Tout le monde ici avait trouvé cela étrange.
Je détaille cela car il est quand même extraordinaire qu’un éditeur travaille contre un de ses auteurs et encore plus contre quelqu’un qui est depuis 45 ans dans la maison et qui est à la source d’un prestige indiscutable et incontesté d’ailleurs. 15 séminaires ont été publiés au Seuil, 10 autres sont terminés et prêts à être publiés, celui sur le désir est en cours de rédaction, interrompu par les affaires de l’été. Travail considérable, travail d’une vie.
Jacques-Alain Miller a pourtant fait beaucoup d’autres choses : son cours hebdomadaire sur l’orientation lacanienne qu’il tient depuis 30 ans à Paris, qu’on le presse de publier (cf LQ d’hier) car il est devenu indispensable à toute une génération de praticiens et de théoriciens de la psychanalyse. Jacques-Alain Miller a publié en son nom aussi des textes qui ont marqué l’opinion : les Lettres à l’opinion éclairée en 2002, Un début dans la vie, la même année, Le neveu de Lacan en 2003, jusqu’à la Vie de Lacan aujourd’hui.
Nous pourrions ajouter le livre Voulez-vous être évalué ?, ce qui permet d’introduire l’action politique de Jacques-Alain Miller. De 2003 à 2010, Jacques-Alain Miller a organisé 12 Forums des psys pour faire face aux menaces dont la psychanalyse était l’objet et il a fait reculer cette menace. Depuis l’ECF a été reconnue d’utilité publique et l’AMP « consultant spécial » pour la branche ONG des Nations Unies. (cf Eric Laurent LQ n°21, d’hier).
Jacques-Alain Miller c’est aussi une action institutionnelle majeure au sein du groupe analytique même ; dans la Cause freudienne avant la mort de Lacan, dans l’ECF depuis et la création de l’EEP qui a donné naissance à une Eurofédération de psychanalyse puissante maintenant. En 92 il fondait l’Association mondiale de psychanalyse qui réunissait les grandes Ecoles de part et d’autre de l’Atlantique, qu’il avait créées, au nombre de 7 aujourd’hui. Il a été délégué général de l’AMP jusqu’en 2002 et j’eus la chance de faire partie de son bureau et d’y travailler à ses côtés.
En 2003 c’est le combat des Forums et cette année en 2011 c’est un nouveau combat, cette fois contre l’effacement du nom de Jacques-Alain Miller. Il y va aussi bien de la vie de la psychanalyse. Ce que cette rentrée fit apparaitre, je pense au Monde des livres commenté par Lilia, vous avez lu cela dans la LQ, c’est véritablement, comment dire ? une tentative de meurtre au niveau symbolique ? Comment appeler l’effacement, la programmation de la disparition d’un nom ? En effet dans la psychanalyse on ne peut effacer sans dommage le nom de l’auteur, barrer la place de l’énonciation, nier le « travail du soutier » dont parlait Jacques-Alain.
Alors Jacques-Alain Miller se montre. Il va dans les librairies à la rencontre des libraires et du public. Mollat est le 1er qui le reçoit à Bordeaux avant Toulouse, Strasbourg, Lille, Montpellier et bien d’autres ensuite.
Je vous remercie d’être ici pour le recevoir.

RECIT par Jean-Pierre
Jean-Pierre Deffieux

Il était attendu, très attendu pour cette première de son tour des libraires.
Lorsque nous sommes arrivés au pied de l’immeuble de la rue Vital Carles dans lequel Montesquieu lui–même a séjourné, une foule l’attendait, heureuse de le voir et très déçue de ne pas pouvoir monter jusqu’à la salle Albert Mollat qui l’accueillait, et dans laquelle déjà 150 personnes avait réussi à s’installer, dont une quarantaine restée debout.
JAM était manifestement heureux d’être à Bordeaux, heureux d’être chez Mollat, il était détendu et souriant. D’emblée quand il vit cette foule, il s’arrêta un instant et leur lança : « Puisque vous ne pouvez pas monter, je reste un moment avec vous, et je vous propose de me poser 3 questions », ce qui ne se fit pas attendre.
Dans la rue, comme au bon vieux temps, il répondit avec enthousiasme et vigueur aux questions de l’actualité. C’est alors que du haut de l’immeuble on vit sortir sur le balcon une bonne partie de ceux qui étaient dans la salle et ne voulaient pas en perdre une miette.
Vous imaginez l’émotion ! Bordeaux n’avait pas vu cela depuis 68.
Quinze minutes plus tard, c’est sous les applaudissements « de haut en bas » que nous montâmes le très bel escalier 18ème qui mène à la salle, accueillis par la Directrice de la librairie, puis par Denis Mollat en personne.
Carole nous attendait à la tribune, et après une belle introduction, pendant une heure trente environ, nous avons assisté à une longue séance d’analyse, JAM au travail de son inconscient, livrant sa vie au fil de ses associations. Plein d’anecdotes amusantes certes, mais c’est secondaire. C’est JAM analysant qui était passionnant, creusant, cherchant devant nous le sel de sa vérité.
« L’homme qui vous parle a changé depuis hier soir » nous a-t-il dit, au cours de cette soirée à l’ENS, (« L’Ecole commercial supérieur » comme on peut le lire dans L’Express de cette semaine qui n’est pas à une bourde près), autour du bassin des Ernest. Il rendait hommage à la directrice de l’Ecole qui avait su le recevoir après tant d’années. Il se souvenait que, depuis qu’il avait quitté la rue d’Ulm en 67, il n’avait jamais été invité à prendre la parole dans son Ecole.
Au cours de cette soirée à l’ENS, au cours de ce discours, quelque chose d’essentiel lui est advenu : c’est bien parce que son nom était l’objet d’un effacement, d’une forclusion répétée et poussée au paradigme dans ces dernières semaines, c’est pour cela que son nom était devenu ineffaçable : ce qui est rejeté hors du symbolique revient dans le réel . JAM réalise qu’il est réalisé. Il réalise qu’il a une histoire, que son symptôme qui était de « ne compter pour rien » est derrière lui.
Je ne peux pas ici reprendre tout ce qui a été dit, les raisons du choix de son analyste, son ancien côté Jacobin et non girondin comme le lui reproche Philippe Sollers, le bordelais, sa jouissance du « ne pas céder »…etc
Il a aussi répondu sur la demande de plus en plus pressante de publier ses propres séminaires en français. Il commence à y songer, bien qu’avec réticence : pas question en tout cas de livrer une simple transcription. Sa jouissance de voir en retour dans son auditoire la petite lumière d’une avancée qu’il a réussi à faire émerger, ne le pousse pas vers la publication de son séminaire, ce n’est pas ce qui l’intéresse au premier titre.
Une bonne heure ensuite de discussion très animée et joyeuse avec la salle, et nous nous séparâmes en riant de ce que Philippe La Sagna venait de nous dire : en arrivant à la gare de Bordeaux, Philippe ne trouvant pas JAM l’appelle sur son portable, et JAM lui répond : « Je suis pourtant bien là où je dois être ». En effet, c’est bien ce qu’on a compris hier.

TEL QU’EN LUI-MÊME ENFIN LE RÉEL LE CHANGE par Alain

Alain Merlet

Au terme du premier envoi de “Vie de Lacan”, Jacques-Alain Miller, encore fidèle à Janus le dieu des portes, laissait entrevoir sa position : ne pas s’abaisser à aboyer contre le ciel et prendre le marché tel qu’il est (Uti foro). En même temps l’image qui lui venait d’un Lacan déguisé en Harpocrate, dieu du silence, l’incitait à se taire.

Depuis, ainsi qu’il nous l’a confié à Bordeaux à la librairie Mollat, sa position a radicalement changé. Désobéissant à ces deux divinités, il a consenti à ce qu’il incarnait de réel. Les manœuvres de l’Autre de la tradition et de la ruse qui voulaient forclore son nom ont eu l’effet inverse, c’est désormais un réel pulsionnel qui l’anime : la guerre est déclarée à l’Autre de l’édition traditionnelle. Il lui faut se hâter. Mon nom, nous a-t-il dit, est devenu un enjeu, c’est pourquoi non seulement il a quitté le Seuil mais il s’est autorisé à franchir le sien propre en autorisant la publication en français de son Cours. Devant la foule qui se pressait dans les murs de la salle Mollat, Jacques-Alain Miller en pleine forme nous a d’abord parlé de lui et de sa famille avant de fustiger l’Autre de l’imposture. Et il n’y est pas allé mollo ! Jusqu’à la fin, sa présence a tenu l’auditoire en haleine, le laissant toutefois sur l’énigme de la perte d’un petit carnet noir. Serait-ce le fantôme d’Harpo qui lui aurait fait les poches ?

A CIEL OUVERT ! par Philippe
Philippe Chanjou

14h15, devant la porte fermée de chez Mollat, la conférence n’aura lieu que dans une heure. Merlet est déjà là, ainsi qu’une trentaine d’autres, il me sourit et me dit “vous arrivez tôt!” Lui qui était là avant moi. J’aime son humour.
C’est la cohue pour entrer, l’attente commence. Nous entendons des applaudissements en bas, il est là et parle à ceux qui, je suppose, n’ont pas pu entrer.
La conférence commence. Il commence à parler, de lui, de l’histoire dont il est victime. Au delà de la colère, il prend acte de la logique nouvelle dans laquelle il est pris maintenant. Il a été éjecté de sa jouissance de moine copiste des séminaires de Lacan. Il prend acte d’un nouveau départ: “Je ne suis plus le même”. Et là il dit qu’il est devenu réel. Pardon? Qu’est ce que cette histoire?
Réel! Il explique. Je pense à un état sub-maniaque, mais cela ne colle pas, trop d’humour par rapport à lui même: “Je ne suis tout de même pas divinisé”.
A ciel ouvert! J’ai l’impression qu’il est à ciel ouvert. Il parle de sa jouissance du regard qui le soutient quand il enseigne, cela expliquant son peu de gout pour publier, et en particulier son cours. “je ne sais pas par qui je suis lu, alors que quand je fais cours, je m’appuis sur deux ou trois regards”. Ce n’est pas pour cela qu’il a refusé depuis trente ans de publier ses cours, tout de même!
A ce moment là me revient un mot qu’il a prononcé au début de son intervention: ses devoirs. Les nouveaux devoirs qui allaient lui incomber du fait de son propre changement. La question me vient, je ne la poserais pas: comment cela s’articule jouissance et devoir? Les cours nous sont nécessaires pour lire Lacan, et heureusement qu’ils circulent sous le manteau. C’est un devoir pour la transmission de la psychanalyse qu’ils soient à portée de tous. sa jouissance du regard ne pèse pas lourd à coté de cela.
Il articule l’Un et le nom propre, et il nous confie son rapport intime à son propre nom. Sa façon d’en parler semble clore l’UN comme un tout. Autre question non posée: quand je vois un désir aussi vivant face à moi, je ne peux penser un instant qu’il est clos et satisfait: il y a un ouvert, c’est incontestable.
Alors: comment articuler l’UN et le pas-tout? Ce pas-tout qui fait dire à Lacan, dans son séminaire XX, qu’il y a un mystère du corps parlant. Déçu par sa réponse sur l’UN, inquiété par cette jouissance à ciel ouvert, mais embarqué par cette vie qui se dit si bien, la question m’est venue faisant retour sur moi: mais que veux tu? Toi qui maudit la langue de bois et les effets de cour, toi qui déplore la lâcheté et le manque de risque. Tu voudrais qu’il soit parfait, voilà c’est cela: divinisé comme il dit.
C’est toi qui fantasme sur le UN parfait!
Cela m’a réveillé dans la nuit, comme une douleur de dent, avec cette question à laquelle moi seul peut répondre, ce: que veux tu? Sans doute que le devoir et la jouissance ne fasse qu’UN.
JAM reste un pousse-à-dire pour moi. Plus que jamais.

 

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