GUY BRIOLE, Allocution à Shanghai – LQ 42
Le samedi 24 septembre, veille du Colloque Lacan, avait lieu l’inauguration de l’Institute for Advanced Study in European Culture de Shanghai. Nous étions invités et aussi conviés à prononcer une Allocution, comme l’étaient les diverses autorités universitaires présentes et venues de différentes régions de Chine, ainsi que les représentants des Délégations consulaires. Rien ne manquait aux semblants protocolaires de ce décorum, jusqu’à la fleur d’hibiscus fixée à la boutonnière. A la demande des autres membres de la délégation et en leur nom, j’ai improvisé cette courte Allocution.
Monsieur le Président de l’Université Jiao Tong de Shanghai,
Monsieur le Directeur du Département des Sciences Humaines,
Monsieur le Directeur de l’Institut,
Mesdames et messieurs les représentants Consulaires,
Mesdames et messieurs,
Je suis très honoré de prendre la parole, ici, devant vous, pour l’inauguration de cet Institute for Advanced Study in European Culture. Je m’exprime au nom de mes collègues psychanalystes ici présents mais aussi de l’École de la Cause freudienne dont nous sommes membres. C’est l’École que Jacques Lacan a crée avant sa mort, survenue le 9 septembre 1981.
Je voudrais faire présents parmi nous Judith Miller — la fille du docteur Lacan — présidente de la Fondation du Champ freudien qui se dépense sans compter pour la diffusion de la pensée de Lacan et Jacques-Alain Miller qui, par un travail inlassable, met en forme l’œuvre de ce psychanalyste unique en établissant et diffusant ses Séminaires. C’est aussi Jacques-Alain Miller qui, par son enseignement, donne l’orientation à notre Champ dans le monde.
Vous avez mis au cœur de l’intitulé de votre Institut le mot culture. Votre culture est millénaire et nous sommes sensibles au fait que vous portiez un tel intérêt à nos cultures européennes. Je sais que vous, professeur Gao Xuan Yang, vous avez particulièrement étudié Foucault, Dérida, Lévi-Strauss et Lacan et que vous enseignez à partir de leurs travaux.
Les philosophes, les humanistes, d’autres aussi, ont souligné la relation qui noue la culture et la civilisation. Freud a insisté sur ce lien étroit entre culture et civilisation et fait remarquer que plus, dans une société, la culture était forte et présente et plus élevé était son degré de civilisation. Et pourtant, dans sa lettre à Einstein « Pourquoi la guerre », Freud se désespérait de ce que, malgré les apports de la culture et leur effet civilisateur, les hommes ne continuent à se faire la guerre.
Lacan a repris cette question, non seulement dans son rapport à la culture mais, aussi et surtout, sur le versant de la responsabilité de chacun dans la société dans laquelle il vit. Lacan s’interroge de savoir comment des masses humaines obligées à vivre dans un territoire contraint peuvent coexister ? C’est là qu’il nous démontre comment, quand on raisonne des hommes comme des masses, cela conduit à l’exclusion et à la barbarie. Quand, dans une société la culture est sacrifiée, quelque chose revient du côté de la violence, de la tentation de détruire les autres, ceux marqués d’une différence.
Lacan était un homme de désir et c’est ce désir qui, maintenant vive la pulsion de vie, fait barrage à la pulsion de destruction. Pour Lacan, les hommes sont à considérer au un par un de leur implication dans la société où se déploient leurs actes. Il n’est pas possible de s’abriter derrière le collectif.
C’est ainsi que nous comprenons le sens de la création d’un Institut centré par la culture.
Demain se tiendra le tout premier « Colloque Lacan » en Chine, dans cette Université. Je voudrais, à ce point de mon intervention, évoquer en plus de l’École de la Cause freudienne, l’Association Mondiale de Psychanalyse — fondée à Paris par Jacques-Alain Miller — qui réunit de par le monde tous ceux qui se réclament de l’enseignement de Jacques Lacan. Nous l’appelons aussi l’École Une. Nous formons le vœu que ce Colloque soit le premier pas de la Chine vers cette École Une. Vous y serez les bienvenus.
Enfin, nous souhaitons un plein succès à cet Institut de recherche sur les cultures que nous inaugurons aujourd’hui avec vous. Je vous remercie de votre attention.
APPEL DES PSYS CONTRE MARINE LE PEN
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