Cher JA,

            J’ai eu l’occasion de vous faire savoir le plaisir que j’avais à vous lire, non seulement dans Vie de Lacan, mais aussi dans les numéros de Lacan Quotidien.

Ce numéro 07 est encore différent. Il est remarquable à plus d’un titre: le style, le ton, le choix des mots, au service de la seule stratégie qui vaille dans de tels combats: ” à ciel ouvert”.

            Il vient à point nommé dans la série. L’effet est immédiat: les affects sont là : surprise d’abord d’apprendre des détails ignorés sur Le Seuil,  tristesse puis colère d’apprendre la façon dont l’éditeur du Séminaire vous traite, vous sans qui la publication n’aurait pas lieu! N’êtes-vous pas coauteur du Séminaire? Que veut-il in fine à vous ravaler et vous humilier de la sorte ? Quelle virilité mise en question nécessite de vous dit-femm-é ainsi? Quel destin funeste pour la communauté analytique si le masochisme vous rendait coi! La tristesse peut être sans fond alors que la colère est riche du savoir qu’on peut en extraire: non seulement un gai savoir, mais aussi une orientation qui compte. À garder ainsi le cap, on ne risque pas de perdre le nord.

            Il y a eu votre temps-pour-comprendre – c’est d’abord vous qu’on a voulu priver de parole et faire disparaître, et puis, ensuite, il y a le nôtre, notre temps-pour-comprendre et décider de la marche à suivre.

            La violence du coup qui vous est porté  atteint chacun de nous. Car, ne nous trompons pas, la puissance de la psychanalyse inquiète les faux prophètes et les imposteurs. Le ravalement de Freud, de Lacan et de votre personne, encore une fois aujourd’hui, servent toujours le même but: discréditer le discours analytique, si subversif, et qui en dépasse plus d’un.

            L’analyse nous l’apprend, il n’y a aucune fatalité à se faire maltraiter. Et, il arrive, heureusement, que l’on consente à s’apercevoir à temps que 2 et 2 font 4. Il nous faut prendre acte que le refoulement ne cesse jamais, et qu’il nous faudra toujours l’interpréter.

            Ce qui se profilait, c’était donc un enterrement de première classe. Votre réponse donne une idée de la vitalité de l’Orientation lacanienne un peu partout dans le monde. Et nous savons de surcroît que les enjeux essentiels  sont encore à venir.

            Celui qui sert la vérité ne risque-t-il pas de subir le sort d’Actéon? Vous le savez, on ne touche pas impunément à la Chose freudienne. Alors, “Laisse la meute aller sans que ton pas se presse, Diane à ce qu’ils vaudront reconnaîtra ses chiens…”.

Bien à vous,

Agnès

 

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