« Notre ami Lacan », j’ose cette formule, même si de son vivant je le lisais mais n’ai fait qu’entendre sa voix de loin et l’apercevoir tracer ses nœuds au tableau noir. « Notre ami Lacan », voilà ce qui me vient lorsque, en dehors de notre cercle, je désire glisser une formule de Lacan, tenter de faire entendre une de ses pointes éclairantes. L’énoncer au nom de l’amitié me parait plus vrai, et plus recevable, que d’assener un « Lacan a dit » et réciter un docte savoir.
​La voix de J-A Miller tonnant en plein mois d’août, son geste de créer le Lacan Quotidien, ont la dimension d’une interprétation. Mais oui, bien sûr, Lacan est notre quotidien, non seulement la référence incontournable de nos heures d’étude et de toutes les activités liées au Champ qu’il a ouvert, mais il est aussi l’appui de notre praxis, celui dont toujours un texte ou un Séminaire sont posés sur ma table, celui vers lequel je me tourne pour rechercher le passage qui va donner du relief ou de la profondeur à une séquence clinique, c’est à dire aider à cerner le réel en jeu ; ceci n’efface nullement les questions à traiter dans sa propre cure ou dans le contrôle, mais bien au contraire y ramène ; à l’inverse, la clinique peut venir soudainement éclairer une lecture restée jusque là opaque.
​C’est à J-A Miller que nous devons la compagnie de cet ami fidèle, toujours disponible. Je l’appelle et, magie du livre, il répond présent ! Mais c’est un ami exigeant, qui pour être entendu demande des égards, de l’attention, de la patience – un ami qui en appelle au désir, à des « esgourdes appropriées » (Je parle aux murs p. 91). Alors, il peut me conduire par la main pour éclairer une obscurité ou me guider vers une butée que j’aurai à transformer en question. Le lire, et surtout le relire, est une opération qui résonne avec la question de la vérité en psychanalyse qui, « notre ami Lacan » nous le rappelle, offre « un abord qui n’est nullement de connaissance (…) Il s’agit de l’induction de quelque chose qui est tout à fait réel » (Je parle aux murs p. 60).
​Lacan compagnon de route, compagnon de vie.

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