20 août 2011 – annonce 3
Lacan Quotidien
Agence lacanienne de presse
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Autres réactions au numéro du Point
L’ensemble du dossier du Point sur le blog toutsurlachine.blogspot.com

LILIA MAHJOUB. — .
Le Point a un grand mérite, celui d’être le premier à publier un tel dossier, ouvrant ainsi la commémoration du trentenaire après la mort de Lacan. J’en suis fort touchée, et je me dis que ça ne fait que commencer. Pour un début, c’est plutôt bien : les extraits des inédits, votre interview, oui, oui, très éclairant. Chapeau !
Il y a cependant quelque chose qui cloche, et cela ne saurait étonner un psychanalyste. Il s’agit de l’article introductif, creux mais surtout facile, avec son émaillage de gentillesses.
Dommage que M. Schneider n’ait pas tiré plus de leçon de ce que Jacques Lacan formule sur « le non-rapport sexuel ». D’abord, ce que Lacan en articule ne relève pas d’évidences connues depuis Freud, mais prolonge et répond aux questions que se posait celui-ci, notamment à propos de la femme et de l’énigme de sa sexualité. « Conception pathologique de la sexualité », voilà à quoi est réduit par l’auteur de cet article ce que Lacan avance quant à la logique du non-rapport sexuel.
Dommage que M. Schneider semble ne pas avoir lu les extraits qu’il a pourtant lui-même choisis. Aller chercher, pour contrer l’énoncé de Lacan, une Madame Leroi, ce petit personnage évanescent, « snob », et qui dit « L’amour ? Je le fais, mais je n’en parle de jamais. », c’est :
1 : confondre ledit rapport sexuel avec la relation sexuelle quelle qu’elle soit ;
2 : oublier les bouches d’or des hystériques, analysantes sublimes de Freud, qui fort heureusement l’ont ouvert sur ces choses du sexe, sans pudibonderie, et avec l’audace propre à celles qui furent les partenaires du découvreur de l’inconscient ;
et 3 : mépriser tout ceux qui continuent d’en parler sur le divan, et assurent ainsi à cet inconscient toujours à réinventer — sans bouche pincée ni cul serré, comme au temps de la dame citée — toutes ses chances.

KARINE MIOCHE. — .
La chaleur d’Ajaccio s’est estompée le temps de la lecture du Point, et de vous entendre à France Culture, le côté vivifiant, circulant comme une brise, tonifiant le corps se redressant et l’esprit ré-animé… La parole circule dans la librairie à partir de l’attente du prochain Séminaire et de cette Vie de Lacan promise. Le comptoir plein de livres s’improvise lieu de discussions, un homme apporte des cafés, quelques Séminaires sont feuilletés, une lecture spontanée s’engage, les langues se délient pour l’Instant, l’occasion de rencontres à la saveur âpre, comme souvent ici, mais joyeuses aussi. Chacun repart…

PHILIPPE LA SAGNA. — .
Que reste-t-il de nos amours lacaniennes? Interroge Michel Schneider , énarque fonctionnaire, et aussi psychanalyste qui ne semble pas toujours saisir pourquoi on aime Lacan !
On aime Lacan parce qu’on aime son psychanalyste, et que Lacan dans le monde latin est le psychanalyste !
On aime son analyste ou un analyste, par ce qu’ on aime l’inconscient, soit l’idée qu’on est aussi autre, voire qu’il y a un Autre en nous qui parle avec notre bouche.
On aime donc l’Autre et l’idée qu’il soit un, ce qui est impossible s’il est un Autre. Ou on aime le couple que constitue la relation analyste/analysant en croyant qu’elle est une, faute d’une relation qui serait le rapport sexuel.
Schneider pense que cela peut servir a nous rassurer.
Ce qui ne rassure pas, c’est ce défaut du sexe ! Au siècle dernier on se rassurait de l’espoir que faire l’amour suffirait a conjurer la malédiction; hélas le bonheur des religions, fussent-elles laïques, accueille aujourd’hui les déçus du sexe, même le désir n’a plus la cote !
Par contre, on sent que l’amour tient la cote. Lacan en parle comme personne, et l’amour de Lacan n’est pas l’amour de Freud. L’amour de Lacan, c’est ce qui ne s’arrête ni au père, ni au vrai, ni au beau, ni même aux charmes du manque et du désir, voire de ce qui réclame encore… L’amour de Lacan suppose de ne pas s’arrêter aux limites de la loi, qui fascinaient peut-être Freud !
L’amour de Lacan, c’est celui d’un effort vers le réel, l’impossible, c’est un amour qui le rend proche des mathématiciens, c’est un amour qui a un corps aussi bien.
Si tant de gens écrivent aujourd’hui sur l’amour, ce n’est pas sans lien avec Lacan. Ils ont compris que face a l’Autre, a l’inconscient, il y a une orientation fondamentale de rejet ou de consentement.
Ce qu’inaugure Lacan c’est un nouvel amour dont nous n’avons peut-être pas idée encore, sauf a se faire dupe avec lui du réel !

ANAËLLE LEBOVITS-QUENEHEN. — .
Michel Schneider se demande dans Le Point ce qu’il reste de Lacan trente ans après sa disparition. Sa conclusion : il préfère Mme Leroi.
Et qui est Mme Leroi ? Les lecteurs de la Recherche l’ont oublié. Et pour cause : Mme Leroi est une silhouette, elle n’apparaît jamais de plein pied. Un universitaire américain en fait à juste titre, au moment de son apparition dans Le côté de Guermantes, « le reflet d’un reflet ». Et pourquoi donc Michel Schneider la préfère-t-il au Docteur Lacan ? C’est que, bien davantage que sa lecture du Séminaire XIX, cette phrase de Mme Leroi emporte son adhésion : “L’amour ? Je le fais souvent, mais je n’en parle jamais.”
Michel Schneider, psychanalyste, préfère les femmes qui le font et se taisent. Ça le regarde après tout.
Pour recevoir des patientes, ça poserait des problèmes à plus d’un… Qu’importe, quand il s’agit de s’y retrouver dans la clinique, son goût pour celles qui ne pipent mot, oriente plus et mieux Michel Schneider que l’enseignement de Lacan, ses « proclamations de génie » et « distinctions opérantes ». Il faut dire que ses « grossièretés », ses provocations et ses « préciosités obscures » brouillent les cartes. Il s’y perd.
Depuis une neutralité qui le tient loin des textes de Lacan, Michel Schneider nous dit ses préférences.

NB. — .

JAM ESPERE POUVOIR LIVRER LUNDI MATIN LE DEBUT DE SA REPONSE A MICHEL SCHNEIDER.
LACAN QUOTIDIEN CONTINUE LA PUBLICATION DES REACTIONS JUSQU’A CETTE DATE

 

 

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