En lisant l’article du New York Times, du 5/9/11, « One Sperm Donor, 150 Offspring » de Jacqueline Mroz je pensais à Levi-Strauss, dont on célèbrera la disparition, (il y a déjà presque deux ans), le 30 octobre prochain. La Science est désormais génératrice de nouvelles cultures, de nouveaux usages. Plus exactement, elle agit sur les fonctions symboliques de la filiation. Elle démontre – via les Banques de sperme et ces utérus artificiels « révolutionnaires », par exemple – que la figure symbolique du Père, et celle de l’Autre maternel ex-sistent, au-delà de leurs fonctions biologiques.

Imaginons. Une fille rencontre un garçon. Il lui plaît, mais elle prend ses précautions avant toute chose : « Quel est le numéro d’identification de ton père-biologique ? » [La protection de la vie privée donnant un numéro à chaque donneur de sperme]

Cinthia et son compagnon ont eu recours il y a sept ans à l’insémination artificielle pour concevoir leur enfant. Elle a eu envie de chercher les autres enfants nés du même donateur. À l’heure d’aujourd’hui, ils sont 150 demi-frères et sœurs. « It’s wild when we see them all together – they all look alike. », reconnaît la mère. Les experts réfléchissent aujourd’hui aux conséquences que ces pratiques médicales peuvent avoir sur la santé (diseases, accidental incest). Une adolescente californienne connaît le numéro de son donateur pour ces raisons ; elle côtoie à son école un certain nombre d’enfants nés du même homme. A la différence d’autres pays tels la France, l’Angleterre et la Suède, le nombre d’enfants conçus à partir de la « même source » n’est pas limité aux Etats-Unis : « We have more rules that go into place when you buy a used car than when you buy sperm », déplore Debora L. Spat, auteure de «  The Baby Business : How Money, Science and Politics Drive the Commerce of Conception. ».

Au-delà de ces questions éthiques et médicales fondamentales, quelles seront les conséquences pour le sujet ? Longtemps peureuse devant les avancées de la science, voire réac’, parfois, je le reconnais, je crois qu’il ne s’en sortira pas plus mal qu’un autre enfant né d’un père à la gerbe moins généreuse. Enfant de la science, pour reprendre une expression de François Ansermet, il restera avant tout enfant du réel, et fils de son inconscient, déterminé à échapper aux nécessités biologiques et sociales de son époque. Il se fabriquera un roman de ses origines, à partir du désir de l’Autre parental, il se créera un monde fantasmatique peuplé des figures idéalisées nées de ses rencontres et de ses lectures, il devra répondre aux impasses de son manque à être et faire face au réel, sans foi, ni loi. La Science ne peut produire que des séries, l’Inconscient, que des Uns, fruits de l’insondable décision de l’être…

Adresse internet de l’article du New York Times:

http://www.nytimes.com/2011/09/06/health/06donor.html?_r=2

ou cliquer ici pour suivre le lien Article NY Times

 

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